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Conflit sans fin mais jusqu’au bout

James Howard Kunstler a cette légèreté de ton, cette ironie flegmatique, cette indépendance de l’esprit critique qui sont nécessaires dans la confusion actuelle où se mélangent le conformisme le plus radical et le mensonge pratiqué à la façon d’une pathologie convulsive, pour tenter de donner un rapport des événements du monde qui ne souffre pas du poids des chaînes de la contrainte des esprits. Après tout, il serait plutôt “de gauche” et plutôt “progressiste”, Kunstler, s’il fallait le classer selon le catéchisme en vigueur dans le vaste camp de concentration de la modernité ; aussi est-il anti-Trump et sa cible préférée est-elle le parti démocrate et tout ce qui se rapporte au simulacre que la pensée progressiste enchaînée a édifié pour complaire à la fois au Système et à sa “bonne conscience”. Kunstler est donc un joyeux dissident, pourtant fidèle à ses idées dans un temps où les idées sont devenues “chez eux” autant de simulacres s’intégrant parfaitement dans le Grand Simulacre du Système.

Dans ce texte qui est excellent dans sa simplicité caustique, il présente un tableau clair et sans faux-fuyant de la situation de l’Amérique, c’est-à-dire de la “guerre civile soft” qui s’y déroule. C’est bien pour cette raison que PhG a repris un de ses paragraphes, retrouvé dans le texte ci-dessous, où Kunstler résume parfaitement les enjeux formidables et la confusion catastrophique de cette “guerre civile soft” qui cherche de toutes ses forces à devenir un peu plus “hard, pour qu’enfin l’époque et sa Grande Crise Générale, ou GCES, la prennent au sérieux, – alors qu’elle ne devrait avoir aucune inquiétude à cet égard, – “soft” elle est pour l’instant, et néanmoins très “sérieuse” d’ores et déjà…

« Le problème est que les entités qui sont dans l’attente pour remplacer à la fois ces démocrates et républicains inutiles, irresponsables et sans le moindre courage, sont le chaos et la violence, et non des partis constitués avec des programmes politiques cohérents. Les États-Unis, et en réalité toutes les nations dites avancées sur terre, se dirigent vers une ère de pénurie et d’austérité qui risque de se présenter comme un terrible et meurtrier désordre. »

L’enjeu de cet aspect de la crise de l’américanisme, dont la durabilité et la substance sont désormais affirmées et dépassent largement le destin d’un Trump, est similaire à celui de l’Europe même s’il s’exprime différemment. Derrière la forme ethnique de la chose, saupoudrée des “valeurs”-simulacre habituelles (droits de l’homme, ouverture, diversité, antiracisme), il s’agit plus simplement mais bien plus décisivement fondamental, d’une entreprise totalitaire de déstructuration et de dissolution du monde. Il n’y a pas de “meneur de jeu” caché et humain (?), de projet économique ou géostratégique, sinon comme outils de convenance ; il y a une dynamique formidable d’entropisation qui révèle le véritable visage du Système et situe les responsabilités dans le domaine des forces suprahumaines, dont certaines ont la noirceur et la profondeur maléfique que Tolkien avait si bien réussi à mettre en situation avec son terrible Mordor.

Kunstler est l’un de ces commentateurs acerbes qui savent nous restituer le caractère essentiel de cette bataille, qui est le naufrage de la psychologie humaine et de l’esprit qui va avec dans la démence des diverses formes de pathologies poussées jusqu’au paroxysme de l’hystérie. Il voit juste dans les arcanes de ce qui est le principal vecteur de cette bataille, qui est la communication par quoi passent toutes les influences pesant sur les esprits par l’intermédiaire des psychologies rendues incroyablement vulnérables par leurs pathologies diverses.

Nous voyons ainsi chaque jour se renforcer l’évidence que cette référence ultime pour le Système et pour notre contre-civilisation de la modernité que sont les États-Unis est entrée dans son épisode crisique ultime. Nous observons la confirmation, chaque jour davantage, que Trump tient bien le rôle du grain de sable qui, placé dans la position stratégique où il se trouve, brouille le jeu et éclaire la réalité de l’enjeu. Cela doit nous détendre l’esprit, tout ce cortège d’analyses sérieuses saupoudrées d’hystéries diverses, autour de l’identification du personnage, de sa “politique”, des références qu’on lui prête si généreusement. (Hitler, Gengis Khan, Groucho Marx, American Firster et suprémaciste blanc,… Selon la technique dialectique “Reductio ad Hitlerum”, décrite par un bel esprit dès les années 1950 [Leo Strauss en 1951].)

Il est plus simplement un faiseur de troubles et de désordres, Trump, un provocateur de communication, qui entretient, – en l’ignorant peut-être ou sans doute, que nous importe, – la crise formidable qu’a activée son élection, exactement comme un volcan qu’on croyait éteint ou dont on voulait ignorer l’existence se réveille dans une prodigieuse explosion. Cela fait maintenant, à quelques jours près, plus de trois ans qu’il est apparu sur la scène politique de la séquence que nous vivons, salué par quelques quolibets et quasiment une sorte d’indifférence générale (y compris la nôtre, d’ailleurs, car son plus grand mérite est bien qu’on ne le vit pas venir comme il est venu, au moment où il est venu). Il a réussi ce prodige d’allumer la mèche et d’activer l’explosion, et de faire durer, et tout cela de continuer, sans faiblir en rien. Par conséquent, Kunstler, anti-Trump jusqu’au bout des ongles, bataille ferme et sans faire de quartiers contre tous ceux qui tentent de protéger le simulacre du Système en dénonçant Trump comme la source de tous les maux. 

Voici donc l’article du 25 juin 2018 de James Howard Kunstler, un instantané de la situation crisique aux USA après la nième crise de communication concernant le thème inépuisable de la bataille de l’immigration. 

                                                                                                                                                                                                                                                    DDE

Escalade du conflit

Mon site Web était en panne tôt ce matin, et une certaine méfiance me pousse à me demander si cela a quelque chose à voir avec l’expression de mon opinion sur l’immigration clandestine qui est, du point de vue du politiquement correct, considérée comme inacceptable. Cette opinion est que l’immigration clandestine illégale est illégale, avec tout ce que cela implique. Dans tous les cas, je n’ai pas été expulsé d’un restaurant pendant le week-end mais il faut préciser que je n’ai eu à aucun moment l’intention de dîner dehors.

D’autre part, le problème particulier de mon site peut se résumer au fait qu’un cafard a mordu l’un ou l’autre des fils électriques de la ferme de Jersey où les serveurs de ce site sont installés, – nous le saurons bientôt – mais il y a manifestement d’autres signes indiquant que “la Résistance” règle ses comptes à sa façon avec ceux qu’elle perçoit comme les ennemis de ses thèses.

Je suis dans la position particulière de ne pas être un partisan du président Trump et d’être pourtant un ennemi publiquement affirmé – pour qu’il n’y ait pas le moindre doute, – de la Résistance, surtout de sa branche institutionnelle connue sous le nom de Parti démocrate. Il s’est transformé en une bande de ratés et de couards débitant des mensonges.

Je crois que la vérité, c’est que le parti veut amener le plus grand nombre possible de Mexicains et de Centraméricains de notre côté de la frontière, par tous les moyens nécessaires, pour fortifier sa future base électorale. Alors, ils agissent par tous les moyens pour y arriver. Bien sûr, cela peut également être considéré comme une ligne de conduite suicidaire pour le parti, car il les met en opposition avec l’État de droit en tant que conception fondamentale, ce qui est une base assez sommaire pour toute prétention à gouverner. Le résultat pour le Parti démocrate peut être sa propre disparition en tant que bloc politique légitime. C’est une chose d’ignorer la population ouvrière traditionnelle, économiquement de plus en plus affaiblie, constituée de véritables citoyens américains qui ne cessent de voir leurs conditions de vie se détériorer ; c’est en est une autre d’amener une population de plusieurs millions de non-citoyens pour les remplacer.

Quoi qu’il en soit, c’est une stratégie assez médiocre pour réussir aux prochaines élections à mi-mandat. L’effort a été amplifié au cours du week-end par la députée Maxine Waters (D-Cal) qui a demandé que les employés de l’administration Trump soient expulsés des grands magasins et autres établissements de vente au détail ainsi que des restaurants. Pourquoi arrêter là ? Pourquoi ne pas officiellement transformer en esclaves les employés et les supporters de Trump ? Les obliger à travailler sans salaire dans les entrepôts régionaux d’élevage des poussins ? On se demande ce que la chef de la minorité de la Chambre, Nancy Pelosi, pense de la proposition de Mme Waters. Nombre de dirigeants du parti démocrate se sont contenté de parler d’autre chose en écartant le sujet.

Il se peut également que les républicains majoritaires au Congrès soient intimidés et anxieux de faire quoi que ce soit sur le plan législatif pour clarifier les lois d’immigration américaines actuellement confuses et désordonnées. Si c’est vrai, ils pourraient faire une pause pour considérer que leur propre parti n’est pas loin de s’abîmer dans une position dépourvue de tout principe et de toute prise de position claire, – tout comme il ne dit rien de son association inconfortable avec le président non-conformiste qui dirige nominalement le parti.

Le problème est que les entités qui sont dans l’attente pour remplacer à la fois ces démocrates et républicains inutiles, irresponsables et sans le moindre courage, sont le chaos et la violence, et non des partis constitués avec des programmes politiques cohérents. Les États-Unis, et en réalité toutes les nations dites avancées sur terre, se dirigent vers une ère de pénurie et d’austérité qui risque de se présenter comme un terrible et meurtrier désordre.

Bill Maher devrait aisément voir rencontré son souhait d’une crise économique dans les quelques mois qui viennent. Les marchés financiers n’ont jamais été soumis à une pression psychologique aussi intense. Tout le monde et toutes les institutions se noient dans une dette qui ne peut être remboursée. Les remèdes supposés pour cela – comme aggraver encore la dette avec la politique monétaire officielle – seraient ruineux pour les 99% qui luttent déjà pour mener une vie normale. Et la nouveauté imminente d’une société sans argent serait encore pire en termes de liberté personnelle.

Ah, tiens ! Enfin, nous avons miraculeusement rétabli le fonctionnement de ce site Web pour ses heures habituelles de consultation. La semaine dernière, j’étais fatigué de la censure et de la désapprobation que déclenche l’analyse de la position de la Résistance sur l’immigration clandestine, la prétendue “torture” des enfants séparés de leurs parents (ou sans parents) à la frontière américano-mexicaine. Une grande partie du mouvement d’opprobre contre Trump et les autorités fédérales qu’ils dirigent se fonde sur des mensonges et des montages, – comme l’enfant qui pleure sur la couverture de Time Magazine, qui n’était pas séparé de sa mère (une déportée précédente qui avait abandonné son mari et plusieurs autres enfants au Honduras). Autant que je sache, Time Magazine n’a pas offert d’explication ou d’excuse pour cette tentative de déformer la réalité à l’intention d’un public américain déjà plongé dans la confusion la plus complète.

James Howard Kunstler

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